L’empathie ou comment rentrer dans les chaussures de l’autre sans attraper ses ampoules…

« Essaie de me comprendre », « mes-toi à sa place »… ces invitations se heurtent souvent à un obstacle de taille : nous n’y arrivons pas, ou mal. Est-ce parce que nous manquons d’empathie ?

A la maternité, le jeune Sacha, 3 jours, se met à hurler. Aussitôt, la petite Rosaline l’imite. Dans a chambre d’à côté, Gary joint sa voix à ce concert de lamentations?

Nous venons au monde avec une tendance innée à faire comme les autres. Détail intéressant : le nouveau-né de 3 jours hurle davantage s’il perçoit les pleurs d’un bébé du même âge que s’il entend ceux d’un bébé plus âgé.

Ce pouvoir d’imitation serait un héritage de notre passé le plus archaïque, lorsque nos ancêtres, confrontés aux bêtes de proie et à la violence des éléments naturels devaient immédiatement saisir les signaux de détresse émis par leurs semblables pour sauver leur peau.

Pouvons nous pour autant affirmer que nous naissons empathiques  l’empathie étant la capacité de partager et d’éprouver les sentiments les l’autre? Prêts à nous mettre à sa place et à partager son vécu? Non, sans hésitation ! Seule la capacité de distinguer le moi du non-moi permet de faire preuve d’empathie ou de sympathie. Or, le début de notre existence est marqué par la relation fusionnelle avec notre mère, perçue comme une extension de notre propre corps.

Pour accéder à cette connaissance intuitive de l’autre, toute une machinerie neuronale est nécessaire qui implique l’observation,  la mémoire, le raisonnement. Si le système miroir nous incite à calquer automatiquement nos gestes et expressions sur ceux d’autrui, nous devons aussi posséder un système limbique (le cerveau des émotions) mature et une capacité de raisonnement .

S’identifier à quelqu’un revient à se reconnaitre en lui. Nous nous identifions plus naturellement à ceux que nous admirons, qui nous servent d’idéaux. Ce de fait, la frontière entre moi et l’autre ne sera jamais nette. Jusqu’à la fin de notre vie, nous aurons tendance à projeter nos propre émotions et pensées sur l’autre, à lui attribuer nos états d’âme, à faire de la lecture de ses pensées (je sais bien ce que tu penses de moi, inutile de te taire).

En réalité, nous ne pouvons que le conjoncturer et nous nous trompons souvent. Jung affirme que nous somme tous connectés . C’est la fameuse contagion émotionnelle. L’outil le plus capable de nous sauver de la confusion est le langage qui permet d’expliquer et de transmettre au monde le fond de nos pensées.

L’empathie ne mène pas forcément à  la sympathie, à l’altruisme ou à la compassion. Pour me mettre à la place de l’autre, je dois me soucier de son sort et de son opinion. C’est une position éthique.

Je dois décider de me décentrer en imaginant ce qui se passe en lui tout en ayant conscience que je ne suis pas entrain de vivre son drame personnel. Si je m’effondre en même temps que lui, je ne vais pas lui être très utile !

Quand l’autre nous demande de nous mettre à sa place, il nous dit généralement « Essaye de me comprendre, sois là pour me soutenir » sans exiger le sacrifice de notre vie.

Je ne peux réellement me mettre à sa place car cette place est unique. Le meilleur service que je puisse lui rendre est de respecter sa singularité et de me soucier de l’autre en tant qu’être distinct de moi.

 

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