SILENCE

 LA PUISSANCE DU NON DIT

Le langage verbal, code conventionnel et sophistiqué comprenant un vocabulaire, une grammaire avec une syntaxe, ne suffit pas pour communiquer. Un second langage s’y adjoint : celui du corps appelé langage non verbal.

Même l’expression écrite possède son langage non verbal puisque selon la manière dont est articulée une phrase, les mêmes mots ne produiront pas les mêmes effets: « La Seine coule sous le pont Mirabeau » n’éveille pas les mêmes sensations que « Sous le pont Mirabeau, coule la Seine »…

En fait, les mots constituent simplement la matière première de la communication, le langage du corps constituant lui sa valeur ajoutée.

Il n’est pas suffisant de disposer de la même langue pour se comprendre. Un OUI peut avoir un nombre infini de sens qui dépendront du contexte et de la personne qui s’exprime.

A eux seuls, les mots ne sont pas suffisants pour établir l’authenticité et la compréhension d’un message.

Les mots deviennent superflus pour se comprendre lorsque nous savons observer finement les réactions non verbales.

Cesser de parler n’empêche pas de communiquer car le discours non verbal , lui, ne peut jamais se taire.

Je voudrais pour conclure vous faire cadeau de cette histoire :

 » En 1939, Chamberlain est Premier Ministre de la Grande-Bretagne lorsque la guerre éclate.

Réalisant qu’il n’a pas l’étoffe d’un chef de guerre, il décide de nommer lui-même son successeur.

Son choix se porte sur un certain Lord Halifax, au détriment d’un autre Lord : Winston Churchill.
Il convoque alors Churchill pour lui annoncer sa décision et obtenir de lui qu’il accepte de faire partie du cabinet d’Halifax en tant que numéro 2.
Il lui demande aussi de confirmer son accord le lendemain devant Halifax, lors d’un entretien à 3.
Churchill, par sens du devoir, par patriotisme, donne sa parole…

Un homme de presse influent de l’époque, Lord Beaverbrook, apprend l’affaire. Catastrophé, il va trouver Churchill et lui dit « Vous ne pouvez pas laisser faire cela ! Halifax est un incapable, il nous conduira au désastre ! Sir Churchill, en ces temps difficiles, ce dont l’Angleterre a besoin, c’est d’un homme comme vous ! Je vous en conjure, dénoncez cet accord ! »
Mais Churchill est un homme d’honneur : il a donné sa parole et ne saurait la reprendre.

Beaverbrook lui propose alors la chose suivante :
« Demain, lorsque devant Halifax, Chamberlain vous demandera de confirmer votre accord, ne répondez pas. Gardez le silence pendant toute une minute avant de dire oui !
Au nom de l’Angleterre, je vous le demande ! Et préparez-vous bien, Sir Winston. Car cela risque d’être la minute la plus longue de votre vie ! »

Churchill trouve l’idée un peu saugrenue et ne voit pas bien comment cela pourrait changer les choses. Mais il a de l’amitié et de la considération pour Beaverbrook.
Il accepte.

Le lendemain, Churchill et Halifax sont dans le bureau de Chamberlain, à Downing Street.
Lorsque Chamberlain dit : « Voulez-vous, je vous prie, confirmer à Lord Halifax que vous acceptez d’entrer dans son cabinet ?», Churchill aborde un large sourire et… ne dit rien.
10 secondes, 20 secondes se passent : il se tait.
30 secondes, 40 secondes s’égrènent : pas un mot ne sort de sa bouche.
Et avant que la minute ne soit tout à fait écoulée, Lord Halifax, qui ne s’était pas préparé à vivre cette épreuve, craque et dit :
« Non non. Ce n’est pas possible de demander ça à Sir Churchill. C’est lui qui doit être Premier Ministre »

Et c’est ainsi que Winston Churchill a présidé aux destinées de la Grande Bretagne lors de la deuxième guerre…

« Il faut 3 ans à l’homme pour apprendre à parler.
Il lui en faut 50 pour apprendre à se taire » Hemingway.

La minute de silence, pensez-y ! »

 

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