Le retour du Petit Prince

Chaque matin, depuis son retour sur son astéroïde B612, le Petit Prince observe la Terre depuis sa lunette télescopique.

Et depuis quelques temps il est heureux, et chaque jour un peu plus heureux!

Souvent, il s’inquiétait de ce qu’étaient devenus tous ceux qu’il avait rencontrés pendant son séjour sur la planète bleue : l’aviateur tombé, comme lui du ciel, le renard qui lui avait enseigné les délices de l’amitié et l’importance à savoir apprivoiser ses amis « On ne connait que les choses que l’on apprivoise ».

Souvent il avait peur de ce que lui révélait sa lunette : à chaque révolution autour du Soleil, la couche des nuages sulfureux qui obstruaient le globe terrestre s’intensifiait.

Or, depuis quelques semaines, comme par miracle, le phénomène s’inversait . Il pouvait désormais voir le dessin des côtes, le relief des terres, les océans, les villes et des paysages imperceptibles à l’automne dernier. Et même ce désert dont il avait aimé le vent et les dunes de sable.

Seules des écharpes de nuages, des tourbillons de cumulonimbus flottaient doucement dans l’espace mais sans cesser de voyager.

Lui, qui avait les bronches fragiles au point de ne jamais retirer son écharpe, voyait dans la configuration de ces ciels dégagés, l’autorisation de voyager.

Aussitôt dit, aussitôt fait : il profita du passage d’un comète interstellaire pour faire le trajet et se laisser tomber doucement chez ses amis. Hier matin, il atterrissait sans heurt chez nous.

Le hasard fit bien les choses. Il voulait visiter le pays que les hommes appelaient la Chine et qu’il n’avait jamais pu voir depuis son astéroïde à cause de ces brouillards épais et persistants et la Comète l’avait lâché tout près, dans le grand désert de Mongolie.

Bientôt un cavalier apparut de la vaste steppe. C’était un chaman parti cueillir des herbes .

L’homme offrit au Petit Prince un bol de thé salé mélangé à du lait chaud puis alluma du feu. « Ainsi, lui dit-il , tu es revenu… » et devant l’air étonné de l’enfant il ajouta « Tu es célèbre. Ton portrait est, je dois le dire, très ressemblant.« 

Ils échangèrent des nouvelles et bientôt de sa drôle de petite voix, le Petit Prince posa la question qui lui brûlait les lèvres. « que sont devenus les nuages de Chine? ». « Ils se sont dissipés parce que l’activité qui les provoquait a cessé elle aussi. C’est une aubaine, » expliqua le Chaman. « Ce que tu penses être des nuages est en fait un poison, un composé de CO2 et de NO qui cause, par an, 60 millions de morts par an et 4 millions de nouveaux cas d’asthme chez les enfants« . « Mais pourquoi avoir attendu tout ce temps pour prendre ces dispositions? » s’étonna le Petit Prince.  » Oh, ce n’est pas à cause de ces maladies ni des dévastations que la pollutions inflige à la planète comme à tôt ce qui y vit, mais à cause d’une nouveau virus et de la crainte d’en mourir » annonça le Chaman.

Le Petit Prince réfléchit puis objecta fort logiquement : « Ce virus doit être un tueur redoutable si l’on arrête tout quand on n’a rien fait pour sauver 60 millions de gens et tous leurs enfants« .

Le Chaman hocha pensivement la tête et jeta dans le feu quelques herbes qui firent pétiller les flammes. « Voyons, insista le Petit Prince, tout le monde doit être heureux maintenant que tout est enfin arrêté. Les hommes auront le temps d’apprendre à se connaitre et d’avoir des amis. Et la vie de leurs enfants, des roses et des renards est sauvée, n’est ce pas? ».

Le Chaman poussa un long soupir et se tut. Alors le Petit Prince comprit et il pleura. Comme l’aviateur, le Chaman ne sut plus trop quoi dire .

« Il se sentit très maladroit . Il ne savait comment l’atteindre, où le rejoindre. C’est si mystérieux le pays des larmes« … et si monstrueux l’appétit des hommes…

D’après Christiane Rancé

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